La lutte contre le changement climatique constitue un enjeu majeur du XXIe siècle. Les recommandations scientifiques, notamment publiées par le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) mettent en avant la nécessité de limiter la hausse moyenne des températures sous la barre des 2°C d’ici la fin du siècle, sous peine de ne pas en maîtriser les conséquences.

Si chaque individu a un rôle à jouer dans cette démarche, qu’en est-t-il des entreprises ? À Quels risques s’exposent-elles ?

UN DÉFI MAJEUR 

Le changement climatique est une évolution du climat liée à une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre au niveau de l’atmosphère. Ces gaz à effet de serre conduisent, entre autres, à un réchauffement planétaire, qui s’est intensifié depuis la révolution industrielle, en raison d’une activité humaine excessive. L’une des conséquences les plus parlantes est le renforcement des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes (vagues de chaleur, fortes précipitations, sécheresses, etc.) dans toutes les régions du monde.

Le changement climatique est un phénomène complexe, tant dans ses caractéristiques (systémique, non linéaire, difficilement prévisible, hétérogène) que dans ses conséquences (environnementales, économiques, sociales, politiques). L’urgence climatique appelle alors chaque organisation à se saisir sérieusement du sujet en l’intégrant pleinement dans la manière de gérer son activité. L’implication des PME, représentant plus de 99 % des entreprises françaises, est particulièrement nécessaire.

La lutte contre le changement climatique passe par deux approches. D’une part, atténuer le changement climatique en réduisant rapidement nos émissions de GES, et d’autre part, s’adapter au changement climatique. Au sein des entreprises, la compréhension et l’évaluation des risques doivent contribuer à la mise en œuvre de ces démarches.

Mais qu’en est-il de ces risques ?

LES RISQUES PHYSIQUES ET MATÉRIELS

Ces derniers peuvent nuire à la santé et au bien-être général des salariés mais aussi mettre à mal les infrastructures nécessaires au maintien de l’activité (usine de production, entrepôt, bureau, réseau électrique et infrastructure de transport). Avec la multiplication des phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes les collaborateurs comme les infrastructures sont à risque. Toucher à l’une des deux composantes indispensables de l’entreprise, c’est risquer une sévère perturbation de l’activité, voire un arrêt complet.

LE RISQUE RÉPUTATIONNEL

La réputation de certaines entreprises qui iraient volontairement à l’encontre de la lutte contre le changement climatique ou dont les actions sont jugées insuffisantes, peut aujourd’hui être sévèrement entachée. Si cela concerne avant tout les grandes entreprises, faisant l’objet d’un intérêt plus important de la part des médias et des réseaux sociaux, les PME sont de moins en moins épargnées, et les citoyens et associations n’hésitent plus à dénoncer l’inaction climatique de certaines sociétés, quelle que soit leur taille. 

LE RISQUE RÈGLEMENTAIRE

Face à l’urgence, l’Etat et les collectivités s’activent pour encadrer l’action climatique et inciter tous les acteurs à prendre leurs responsabilités. Cela se traduit par une évolution rapide de la législation qui peut parfois mettre en difficulté les entreprises les plus fragiles. Les nouvelles obligations légales, et celles à venir, en matière d’émission de GES demandent en effet aux entreprises de mettre en œuvre un certain nombre de moyens humains et financiers, qu’il convient d’anticiper. Par exemple, la loi de finances prévoit que toutes les entreprises de plus de 50 salariés ayant reçu une aide dans le cadre du Plan de Relance, devront publier un bilan simplifié de leurs émissions de GES avant le 31 décembre 2022. Une veille permanente et, si nécessaire, un accompagnement par une entreprise spécialisée sur le sujet, est à envisager.

RISQUE DE PERDRE CLIENTS, POTENTIELS CANDIDATS OU FINANCEMENTS

L’évolution actuelle des attentes de la société peut avoir un impact direct sur les entreprises. En effet, les candidats, de plus en plus sensibilisés aux enjeux climatiques, ont tendance à se tourner vers des entreprises plus vertueuses. De même, les attentes des clients en matière d’action climatique sont de plus en plus fortes. L’évaluation des fournisseurs sur leur niveau de contribution à l’atténuation du réchauffement climatique est aujourd’hui une pratique courante de certaines entreprises qui attendent un programme d’actions clair et des données chiffrées, que peu de PME disposent à l’heure actuelle.

PREMIÈRE ÉTAPE POUR SE LANCER

La réalisation d’un bilan des émissions de GES est une première étape pour mettre en œuvre une démarche climat et sensibiliser ses équipes. C’est tout l’objet du bilan carbone® qui est une des méthodologies existantes pour réaliser l’exercice.

Concrètement, le bilan carbone vient décompter la quantité de GES émise sur une année en lien avec l’activité de l’entreprise. Il prend en compte les émissions sur toute la chaîne de valeur, des achats réalisés auprès des fournisseurs, jusqu’aux émissions liées à l’utilisation du produit par le consommateur final, sans oublier les émissions liées à la fin de vie du produit. Le but du bilan carbone n’est pas d’avoir un décompte au gramme près des émissions de CO2 mais bien d’identifier les postes d’émission (déplacements, achats, énergie, etc.) les plus importants pour définir un plan d’action de réduction efficace. 

Toutefois, si la volonté de faire sa part se fait sentir chez certains dirigeants de PME, la moitié d’entre eux disent de pas disposer de moyens financiers suffisants pour transformer profondément leur modèle (Etude de la BPI, 2020) et se limitent donc à des actions de réduction de leur consommation d’énergie et de recyclage de leurs déchets. Pour pallier cet obstacle, un certain nombre de subventions existent. 

EN CONCLUSION

Au-delà de répondre aux impératifs d’une Terre moins chaude, contribuer à la réduction des émissions de GES est une réelle opportunité de s’interroger sur la viabilité de son modèle, dans un monde où le coût de l’énergie ne cesse d’augmenter et où les attentes de tous les acteurs évoluent.

Les PME peuvent donc contribuer, à leur échelle, à l’effort collectif, d’autant que les soutiens financiers se multiplient. La compréhension du changement climatique, des risques qui en découlent et la mesure de leur propre empreinte carbone, doivent permettre aux entreprises de s’inscrire dans ce défi.

Adrien Marsault, Chargé de mission RSE (adrien.marsault@bakertilly.fr).

Sources : Les dirigeants de PME-ETI face à l’urgence climatique – Etude BPI France – 2020
Résumé à l’intention des décideurs – extrait du rapport du groupe de travail I – GIEC – 2021

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